Ciel Collot-Lesprit
J’ai toujours été très sensible. Petite, c’était une force, une richesse. Adulte, cette sensibilité a parfois été perçue comme “trop”. Trop intense, trop présente, trop difficile à suivre. Dans un monde qui laisse peu de place aux émotions profondes, ce qui faisait ma singularité est devenu un fardeau.
J’ai reçu un diagnostic de trouble psychique. J’ai été hospitalisée à plusieurs reprises en psychiatrie. Ce sont des passages qui m’ont marquée, parfois dévastée, parfois soutenue. Le chemin vers un équilibre de vie a été long, et par moments chaotique. Mais j’ai fini par retrouver un espace intérieur où je pouvais à nouveau respirer.
Aujourd’hui, je parle de tout cela avec simplicité et confiance. Parce que cette expérience fait pleinement partie de qui je suis et parce que je crois que mettre des mots, c’est aussi ouvrir des chemins pour d’autres.
Ma propre traversée m’a un jour conduite à la pair-aidance en santé mentale. Ce fut une révélation ! Rencontrer d’autres personnes qui, comme moi, vivaient avec des troubles, des fragilités, des passages à vide, mais qui transformaient leur expérience en ressource. J’ai compris que mon vécu avait une valeur, qu’il pouvait être un tremplin pour accompagner, soutenir, écouter sans juger.
Professionnellement, j’ai travaillé plusieurs années dans le champ de la santé mentale, d'abord en tant que pair-aidante bénévole, puis en tant que salariée. J’ai eu la chance d’intervenir dans des structures où la voix des personnes concernées par des troubles psychiques avait toute sa place.
J’ai notamment collaboré avec le CReSERC (Centre de Référence en Soins d'Education thérapeutique et de Remédiation Cognitive), le CRehab’S PL (Centre support en soins de réhabilitation psychosociale des Pays de la Loire), et le DIPPE (Dispositif de Détection et d’Intervention Précoce dans les troubles Psychotiques Emergents).
Mon parcours m’a amenée à occuper des rôles variés : intervenante lors de séminaires et colloques sur la santé mentale, facilitatrice de groupes et d’ateliers (dont des "Rencontres Empathiques" et des ETP (Éducation Thérapeutique des Patient·es), enseignante au DU "Soins de réhabilitation au service du rétablissement en santé mentale" à l’Université de Nantes, et formatrice sur des thématiques comme la pair-aidance ou le PCC (Plan de Crise Conjoint). J’ai également accompagné des personnes en individuel et en groupe en tant que pair-aidante en santé mentale et médiatrice empathique. Ces expériences m’ont permis de cultiver une posture professionnelle solide, alliant savoirs expérientiels et outils concrets, au service des personnes que j’accompagne. »
C’est dans ces institutions que j’ai compris à quel point un regard, une écoute sans jugement, pouvait faire la différence.
Ce qui a également contribué à me transformer en profondeur, c’est ma rencontre avec la CNV et la CNVH (Communication NonViolente Hollistique). C'est une façon de se relier à soi et aux autres avec une présence bienveillante et une intention de rechercher l'authenticité.
Elle m’a permis de recontacter mes besoins, mes élans de vie, de me réconcilier avec mes ombres, et d’en faire des alliées.
C’est aussi grâce à elle que j’ai pu incarner plus librement mon rôle de facilitatrice émotionnelle.
Aujourd’hui, j’accompagne les personnes qui souhaitent se reconnecter à elles-mêmes. Celles qui se sentent débordées par leurs émotions, ou au contraire en sont coupées. Celles qui ont l’intuition qu’il y a en elles une richesse à explorer, une voix à écouter, un rythme à retrouver.
Je propose un espace d’écoute et de présence, sans jugement, sans analyse, où chaque émotion a sa place, chaque silence aussi.
Ma pratique est nourrie par mon vécu, par mes rencontres, mais aussi par une éthique forte : celle de la confidentialité, du respect du rythme de chacun·e, et de la reconnaissance des savoirs expérientiels, des vécus de chacun.e. Je crois profondément que nous n’avons pas besoin d’être “réparé·es”, mais plutôt d’être écouté·es, accueilli·es, reconnu·es dans notre entièreté.
Cette entièreté inclut pour moi toutes nos dimensions : corps, cœur, esprit… et ce lien mystérieux, parfois indicible, à plus grand que soi.
J’accorde une place à l’intuition, à la symbolique, aux inspirations invisibles qui traversent nos vies.